Tout commence par une éclipse.
La Lune oblitère le Soleil. Et dans une maison au cœur des marais, une vie
bascule pour longtemps dans la nuit. Lucie Daubigné a huit ans et toute la
vivacité d’une enfant libre et sans peur.Chaque partie du roman correspond à l'atmosphère
ambiante et à l'état d'âme des personnages lui même correspondant à une saison
: le printemps pour l'enfance, l'automne pour la vengeance, l'hiver pour la
déréliction. Nous sommes au début du roman:Lucie est amie avec un futur
astronome passionné par la vie des étoiles....
Lui, c’est Louis- Félix
Ancelot. Il a onze ans, des cheveux en épis, couleur de cuivre, un visage
moucheté de taches de rousseur, des yeux noisette. Il est myope, il porte des
lunettes à monture d’écaille, et derrière ses lunettes il cligne sans cesse des
paupières. C’est qu’il a tant de curiosité pour toutes choses de ce monde, tant
d’ardeur à voir le visible, et tant de passion surtout pour les géographies du
ciel.
[ …..]
Louis –Félix passe pour un
enfant bizarre. On le prétend trop intelligent pour son âge, doué d’une
curiosité et d’une mémoire peu communes. Il a déjà sauté deux classes. Ses
professeurs se sentent assez désemparés devant lui, tant il pose de questions
insolites et manifeste un inépuisable désir d’apprendre, de tout comprendre ;
Il excelle en mathématiques, en géographie, en sciences naturelles. Quand il
avait six ans ses parents lui ont proposé de lui offrir des cours de piano,
mais lui a alors réclamé des cours d’anglais afin de pouvoir lire des revues
américaines d’astronomie réputées les meilleures. Mais il aimait aussi que sa
mère lui raconte des histoires ; des contes tirés de la mythologie de
l’antiquité gréco-romaine. Dans ces contes, il retrouvait des noms qui lui
étaient familiers. Jupiter, Uranus, Mercure et Pégase, Neptune, Saturne et
Cassiopée, Titan, Andromède et Vénus. [….]
Louis- Félix passe d’autant
plus pour un enfant bizarre que son étonnante maturité intellectuelle se double
d’une totale ingénuité. Il est même si dépourvu de malice qu’il passe souvent
pour un nigaud, et ses camarades de classe, bien plus âgés que lui, ne se
privent pas de le tourner en dérision. Mais on ne se moquerait pas tant de lui
s’il n’était en outre possédé par un tic bien plus risible encore que sa
candeur . Dès qu’il reste un moment en station debout, Louis- Félix ne
peut en effet s’empêcher de se mettre à sautiller. Il exécute des petits bonds
verticaux, les jambes serrées l’une contre l’autre, les bras ballants, la tête
raide et les yeux dans le vague. Il sautille comme un automate, sans souplesse
ni grâce, et surtout sans raison apparente ; nul ne comprend ce qui met
ainsi en mouvement des ressorts invisibles sous ses pieds sitôt qu’il se tient
debout. Et lui-même serait bien en peine de donner une explication à son comportement
saugrenu . Il éprouve un irrésistible besoin de sautiller, voilà
tout .
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