Friday, December 2, 2011

L’Enfant Méduse, 1991

     Tout commence par une éclipse. La Lune oblitère le Soleil. Et dans une maison au cœur des marais, une vie bascule pour longtemps dans la nuit. Lucie Daubigné a huit ans et toute la vivacité d’une enfant libre et sans peur.Chaque partie du roman correspond à l'atmosphère ambiante et à l'état d'âme des personnages lui même correspondant à une saison : le printemps pour l'enfance, l'automne pour la vengeance, l'hiver pour la déréliction.     Nous sommes au début du roman:Lucie est amie avec un futur astronome passionné par la vie des étoiles....


                                                       Lui, c’est Louis- Félix Ancelot. Il a onze ans, des cheveux en épis, couleur de cuivre, un visage moucheté de taches de rousseur, des yeux noisette. Il est myope, il porte des lunettes à monture d’écaille, et derrière ses lunettes il cligne sans cesse des paupières. C’est qu’il a tant de curiosité pour toutes choses de ce monde, tant d’ardeur à voir le visible, et tant de passion surtout pour les géographies du ciel.
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        Louis –Félix passe pour un enfant bizarre. On le prétend trop intelligent pour son âge, doué d’une curiosité et d’une mémoire peu communes. Il a déjà sauté deux classes. Ses professeurs se sentent assez désemparés devant lui, tant il pose de questions insolites et manifeste un inépuisable désir d’apprendre, de tout comprendre ; Il excelle en mathématiques, en géographie, en sciences naturelles. Quand il avait six ans ses parents lui ont proposé de lui offrir des cours de piano, mais lui a alors réclamé des cours d’anglais afin de pouvoir lire des revues américaines d’astronomie réputées les meilleures. Mais il aimait aussi que sa mère lui raconte des histoires ; des contes tirés de la mythologie de l’antiquité gréco-romaine. Dans ces contes, il retrouvait des noms qui lui étaient familiers. Jupiter, Uranus, Mercure et Pégase, Neptune, Saturne et Cassiopée, Titan, Andromède et Vénus. [….]
      Louis- Félix passe d’autant plus pour un enfant bizarre que son étonnante maturité intellectuelle se double d’une totale ingénuité. Il est même si dépourvu de malice qu’il passe souvent pour un nigaud, et ses camarades de classe, bien plus âgés que lui, ne se privent pas de le tourner en dérision. Mais on ne se moquerait pas tant de lui s’il n’était en outre possédé par un tic bien plus risible encore que sa candeur . Dès qu’il reste un moment en station debout, Louis- Félix ne peut en effet s’empêcher de se mettre à sautiller. Il exécute des petits bonds verticaux, les jambes serrées l’une contre l’autre, les bras ballants, la tête raide et les yeux dans le vague. Il sautille comme un automate, sans souplesse ni grâce, et surtout sans raison apparente ; nul ne comprend ce qui met ainsi en mouvement des ressorts invisibles sous ses pieds sitôt qu’il se tient debout. Et lui-même serait bien en peine de donner une explication à son comportement saugrenu . Il éprouve un irrésistible besoin de sautiller, voilà tout . 


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