Friday, December 2, 2011

L’Enfant Méduse: "L'annonciation aux bergers"

Chaque chapitre appelé " Légende" est entrecoupé de poèmes en prose intitulés différemment selon la tonalité, la couleur de la scène décrite et aussi de l'état d'esprit des personnages: L'enluminure pour évoquer l'âge de l'enfance, le paradis, puis viennent les sanguines (couleur du sang et de la menace du mal) et les Sépias (la vengeance). Enfin, on passe aux Fusains (la tristesse de l'hiver, la détresse des personnages) et enfin aux Fresques (évoquant les scènes de la Nativité donc le renouveau et l'espoir).


Une clarté jaune paille nimbe d’une colline. Le flanc de la colline est nu, -ni herbes, ni fleurs ni broussailles n’y croissent. Nu et soyeux comme une dune de sable.
Au sommet de ce mont quelques palmiers se dressent. Ceux qu’effleure la clarté ont des teintes orangées et leurs palmes luisent, les autres sont  ombrés. Aucun de ces arbres n’a de racines. Les palmiers semblent posés là. Prêts à glisser  le long de la roche lisse. Prêts à glisser vers la lumière qui passe tout près d’eux en flottant tel un nuage léger.
Il est si insolite, ce nuage de lumière, car alentour c’est la nuit. Par-delà la montagne le ciel est brun.
L’ Annonciation aux bergers -Taddeo Gaddi
C’est la  nuit. Au pied de la colline un troupeau de brebis et de béliers dort paisiblement. Mais deux d’entre les bêtes ont relevé la tête, intriguées du fond de leur sommeil par cette lueur surgie au cœur de la nuit. Le chien de garde du troupeau est en alarme ; arc-bouté dans l’ombre, l’échine ronde et le museau pointé vers le nuage insolite, il gronde. Il est inquiet, ses oreilles sont rabattues en arrière et plaquées vers le bas.
Auprès du troupeau deux bergers sont allongés à même la roche. Eux aussi viennent d’être réveillés en sursaut par l’étrange clarté qui illumine le flanc de la colline. Ils ont redressé leurs bustes, pris appui sur un coude, et tournent leurs visages étonnés vers le nuage lumineux. La lumière est si vive qu’ils protègent leurs yeux à l’abri de leurs mains.
Mais la lumière pénètre jusqu’à leur cœur. Car c’est pour eux que ce nuage doré s’en vient poudroyer dans la nuit, c’est pour éblouir leurs paupières, faire tinter leur âme d’émoi et de tendresse.
Ce nuage, en vérité est un orbe de feu roux et tourbillonnant, au cœur étincelant duquel vole un ange diaphane. L’ange a un corps de colombe. Il tient un sceptre blanc dans l’une de ses mains, et de son autre main il esquisse un geste vers les bergers.
Un geste d’appel, d’invitation à se lever, à se mettre sur-le-champ en chemin. Un Enfant vient de naître, qui déjà les attend.
 

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