Friday, December 2, 2011

Kaléidoscope ou notules en marge du père: Un hommage à son père

"Kaléidoscope ou notules en marge du père" est un hommage au père. Sous forme fragmentaire, il présente un kaléidoscope de souvenirs et d'impressions dans une écriture qui se veut "chambre claire". Celui qui fut un "passeur" (elle lui doit sa passion pour les arts), se manifeste sous forme de songes ou au détour de la contemplation d'un tableau.
   
  L’image est  diurne. Elle relève également d’un cycle; non plus d’une Légende de la Croix, mais de la Légende dorée; non plus d’un peintre de Toscane mais d’un artiste des Ardennes. Il s’agit de la représentation de saint Christophe par Patinir.
      C’est le jour. Au ciel passent des nuages d’un blanc laiteux dont l’intense luminosité rechausse  le bleu glacé de l’horizon, de  l’eau et des montagnes. Les montagnes au lointain sont fantomales, dressant leurs roches semblables à des arborescences de cristal. Le géant Christophe, courbé sur son bâton  miraculeux doué du pouvoir de faire pousser un arbre sitôt qu’il en frappait la terre, traverse un cours d’eau dont on ne sait s’il est une simple rivière se versant dans un lac ou un estuaire s’évasant dans la mer. L’enfant Jésus, minuscule et radieux, est assis sur la nuque du géant, des pieds croisés au creux de son épaule, un bras appuyé sur sa tête et l’autre main posée sur un globe de verre qu’il tient sur ses genoux. Le paysage alentour, baigné dans une égale clarté froide, fourmille de plantes,  d’animaux, de gans qui presque tous paraissent miniatures. Les multiples détails tableau son extrêmement précieux et secret ; ils composent diverses scènes qui sont autant de petits fabliaux indépendants les uns des autres  en apparence. Au loin, un flamboiement ; un incendie a éclaté quelque part dans la ville entr’aperçue au fond du tableau. Sur une longue route dont les sinuosités épousent celles du fleuve, une troupe de cavaliers est en marches, lances levées. A leurs côtés avancent des paysans menant  un troupeau épars de chevaux, de chèvres, de vaches et de moutons. Plus loin cheminent deux pèlerins solitaires. Sur l’autre rive se dresse une chaumière en ruine, surplombée par  une hutte perchée dans un arbre. Partout s’activent des personnages ; des paysans, des soldats, des ermites, des pêcheurs, des laboureurs, des villageoises, des chasseurs. Deux moines sur une rive halent un léger radeau sur lequel est couché un homme mort. Un vol d’hirondelles file dans le ciel.
        Et pourtant l’ensemble du tableau exprime le calme et l’harmonie comme s’il reflétait une perception enchantée, sereine, de la vie et du monde tout en intégrant la violence, l’agitation, la mort.

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